Lulu la sensationnelle |
![]() |
|
Se construire grâce et autour des névroses maternelles
Quand j’ai reçu le livre d’Helen Blejerman, j’ai trouvé la couverture maaaaagnifaïiiique ! Au sortir de la lecture de Rose de Paris de Gilles Schlesser et Eric Puech (Editions Parigramme), je me dis : « Chouette encore un livre sur les années 20 » ! En parcourant le livre, je pensais : « années folles » … mais c’est plutôt dans la folie maternelle que je me vis plongée de plein fouet !
Pas du tout d’humeur à me plomber le moral, c’est le lendemain, un bon thé en main et à la lumière de jour, que j’ouvre l’élixir graphique et alors… le temps s’arrête !
Comment narrer une enfance, sa relation avec sa mère névrosée, son père lunaire, un environnement scolaire hostile ? La parole, le langage, le « dit » - chers à Helen Blejerman - sont ici LA solution qui panse les plaies et les maux familiaux.
La narratrice, rejetée elle-même par le graphisme du livre (on ne la voit jamais, tout comme les autres protagonistes), se plonge dans les livres, dans un monde imaginaire, spatial, au ciel étoilé, où la petite fille, devenue petite bonbonne - à force de maman gâteau - se prend pour la belle « Lulu, la sensationnelle » qui s’élèvera un jour vers le ciel, admirée de tous. Mais le tonitruant « à taaaaaaaable !! » de sa maman - avec qui elle partage les repas de cette dernière réfugiée dans les toilettes - la ramène vite à la dure réalité : son statut d’enfant de « Folle ».
Et comme « les chats ne font pas les chiens » la petite Lulu rivalise d’enfermement dans son placard de chambre, avec moult vivres sucrées.
Sournoisement mais surement, l’enfant finit par détruire les éléments de sa chambre qui la ramènent à son statut, elle a décidé de partir pour Grandir. De faire ses bagages, de tourner la page. Et lorsqu’on tourne la dernière de cet ouvrage surréaliste, on a une envie incontrôlée de le mettre entre les mains de ces nombreux parents qui, dès que leur enfant pleure, utilisent un aliment substitut de la parole et de leur amour.
Ce n’est pas parce que l’on a nommé ce gros fruit rond, couvert de sirop rouge, piqué sur un bout de bois : « pomme d’amour » qu’il faut croire que nourrir un enfant c’est absolument lui donner de l’amour.
Parrrrrroles, parrrrrroles, me chanterez-vous … oui justement, des paroles, du langage … c’est cela qui nourrit VRAIMENT nos enfants !
|